Toulouse (31500) - [ Tous-publics ] - Que la mort est jolie ! Ou comment jouer le tragique avec poésie ? C?est le parti-pris artistique, et combien esthétique, choisi par la jeune troupe toulousaine « Dis-moi A », en représentation à Villeneuve de Marsan, à l?occasion de la Semaine mondiale des auteurs vivants, organisée par le Théâtre des deux mains. Il fallait bien s?emparer de la pièce de Matéi Vizniec « L?histoire des ours panda racontée par un saxophoniste qui avait une petite amie à Frankfort » pour lui donner toute sa dimension littéraire de poésie. Car il ne s?agit ni plus ni moins que de la mort d?un homme qui s?enferme. Refus de tout contact avec son travail, avec ses amis, avec ses voisins. Refuge dans un rêve d?absolu et d?un passage vers un autre monde. Evocation d?une relation d?amour où l?idéal devient réalité par la mort. Une femme comme guide de ce passage. Qu?est-ce qui est vrai dans cet univers dont les contours réels sont confus et où les 9 nuits entre un homme et une femme sonnent le deuil d?un monde réel que l?on abandonne pour un au-delà où l?amour confond les 2 amants en une seule substance ? Est-elle réelle cettte femme ? S?agit-il du fantasme d?amour absolu de cet homme ? Peu importe. Il fallait 2 acteurs comme Dorian Robineau et Charline Iannarelli pour incarner des êtres qui ont quelque chose d?évanescent. On a parfois l?impression au théâtre que des rôles sont faits pour des acteurs. Seulement quand leur travail leur a permis de se couler dans une représentation maîtrisée. Car le jeu physique des 2 jeunes comédiens est plein de grâce et de dynamisme. Et les intonations transforment le texte en une mélodie d?amour et de mort. Sans doute un des mots qui exprimerait le mieux ce qu?ils accomplissent est légèreté. La mise en scène d? Olivier Suaud ne leur laissait d?ailleurs guère le choix : elle est à la fois dépouillée et très stylisée par cet immense voile blanc et ce coffre, véritable sas vers l?autre monde final. Elle est soutenue par un jeu d?éclairage aussi simple qu?efficace. Tout ceci porte comme une évidence le sens de ce renoncement au monde matériel. Et « l?ours panda » vous demanderez-vous ? Peut-être l?animal mythique dont on rêve, le nom donné à toute la tendresse entre les 2 personnages, et l?affection qui leur permet d?aller au bout tragique de leur destinée... Peut-être... Laissons au spectateur le plaisir de choisir son interprétation, tout est fait dans ce joli spectacle pour qu?il se sente porté à sa liberté. Philippe Vintejoux, action culturelle de l?Académie de Bordeaux pour les Landes.
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